Translation temporelle - Partie 3

Suite de la partie 2


Février 1796

Napoléon se dressa sur son lit, il remarqua aussitôt les deux yeux bleus foncés qui le scrutaient, deux lourdes paupières surmontées de long cils les recouvraient comme des pétales de lotus attendant la lumière pour éclore.

- Tu te lèves déjà ? Reste encore un peu
- Eh bien ! Tu ne dors pas ? Répondit Napoléon, un énorme sourire fendait son visage


Napoléon la roula dans la couverture, lui donna de petites tapes sur la joue et les épaules, l’embrassa dans le cou, elle riait, lui aussi. Ils s’enlacèrent. Il posa son front contre le sien.

- Fais-tu toujours ces rêves étranges ? demanda-t-elle, sa voix résonnait comme la pluie un soir chaud d’été
- Oui, toujours, rétorqua Napoléon en relevant les sourcils

- Mais, est-ce toi qui pense ?
- En fait, difficile à dire, dans ces rêves je suis une autre personne, avec ses pensées, ses peurs. Je suis dans un autre monde, un monde si réel, que j’ai l’impression qu’il existera un jour. Napoléon se détacha d'elle, s’entendit sur son dos, croisa ses mains au-dessus de sa tête en regardant le plafond, puis il se tourna pour guetter sa réaction, pas de sourire sarcastique, elle semblait le prendre au sérieux.
- Surtout ne croise pas tes mains ! Veux-tu que ta mère meurt ?

Napoléon la regarda dubitatif.
- C’est une superstition martiniquaise, répondit-elle en souriant
Napoléon décroisa ses mains, il s’allongea sur elle, caressa ses joues de ses mains, c’était un enfant des îles comme lui, elle ne cachait pas ses émotions derrière un masque comme les autres femmes, son âme transpirait sur son visage, quand elle avait de la peine, il en avait aussi, quand elle était heureuse, il l’était aussi, quand elle l’aimait, il l’aimait aussi. Elle avait aussi cette grâce des îles , une musique silencieuse semblait balancer son corps lorsqu’elle marchait. Lorsqu’ils faisaient l’amour, son corps ondulait au rythme de son cœur, son âme était alors transportée dans de lointaines contrées peuplées d’étranges animaux. Etait-elle aussi ainsi avec les autres hommes ?
Napoléon sentit un malaise profond l’envahir, une jalousie féroce, il voulait étrangler ce franc-maçon de Paul Barras, qui avait posé ses mains sur le corps de Rose, sa Rose.
- Quelque chose ne va pas ?
- Non, rien
- Tu ne peux pas dire rien, lorsque que tout ton être dit le contraire, je vois de la colère dans tes yeux.
- Rose, je te veux rien qu’à moi, uniquement à moi , je ne veux pas te partager
- Épouse-moi alors ?
- Tu es sérieuse ?
- Oui, mais à une condition seulement
- Laquelle ?
- Tu me fais reine
- Promis, tu seras reine
- Moi, aussi j’ai une condition
- Laquelle ?
- Tu changes de prénom
- Pourquoi ?
- Tu seras une nouvelle fleur qu’aucun autre homme n’aura cueillie, tu seras Joséphine désormais
- Joséphine ?
- Oui, tu m’épouses alors ?
- J’ai une autre condition, reprit-elle, tu enlèves cette bague suspendu à ton cou
- Elle est à toi !
- Quoi ?
- Oui, c’est la bague de mariage, je la gardais pour la femme que j’épouserai
- Mais tu l’a portait déjà lorsque l’on s’est rencontré, ne me dit pas que tu comptais m’épouser avant que l’on se connaisse
- Non, je la porte depuis que je suis enfant , elle symbolise la victoire de ma première bataille armée
- Et moi, qui croyais que c’était un souvenir de l’une de tes conquêtes, on se marie quand ?
- Tu n'as pas tord, une conquête , c´était. Le mois prochain, le 9 Mars
- Si tôt, que va dire ta mère ?
- Elle va te haïr, mais moi je t’aime
- Moi aussi

Leurs corps fusionnèrent. Napoléon sentit une force immensurable le remplir, rien ne pouvait l’arrêter maintenant, il avait vaincu sa peur. Il toucha la bague de ses doigts, il lui restait vingt jours pour tout préparer

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